Ces jours là
Je t’aime autant que je te déteste ….Il y a des jours où je me dis que je me sentirais vraiment seule si j’étais loin d’ici, loin du bruit, des lumières et des paillettes. Je me dis que cette ville est belle, qu’elle est magique, vivante. Il y a des jours où je me dis qu’ici je suis moi, qu’il n’y a qu’ici que les gens comprennent mes passions, mes petits bonheurs, mes excès d’énergie. Il y a des jours où je me dis que si ça se trouve je vais faire ma vie ici. Il y a des jours où je me dis que ça c’est la vraie vie. … Et puis il y a des jours où je redescends sur terre. Des jours gris comme aujourd’hui. Gris dans le ciel, gris dans ma tête. Alors que là bas le ciel est bleu comme la mer. Il n’est pas question de poésie. Mais ce sont ces phrases là que je me répète ces jours là. Quand je suis sur mon vélo, seul vrai moment de liberté de la journée, ces phrases qui me harcèlent, qui deviennent une obsession. C’est mieux là bas. C’est ça la vraie vie, ici tout n’est que vent. Pas facile tous les jours de se sentir vivre ici, de s’écouter vivre. Des plaisirs qui coutent chers, des plaisirs qui n’existent qu’au travers le regard des autres. Ces jours là, je trouve que c’est une petite vie, qu’il faut se débattre pour lui donner un sens. Un sens marchant le plus souvent. Ces jours là, j’en ai marre de défendre cette vie, de lutter pour lui trouver des excuses. La grande vie oui, c’est vrai c’est la grande vie. Mais quel est le bilan à la fin de l’année. A-t-on fait plus de choses que là bas ? Une chambre d’hôtes, quelques week-end en famille, attendre un soleil qui ne vient pas, quatre théâtres dans l’année, des besoins brulants de cette marque dont tout le monde parle, et toujours penser à là bas. Cette vie si ennuyante. Cette petite vie où l’on croise toujours les mêmes personnes, où on fait toujours les mêmes choses. Où il n’y a rien à faire. Rien à faire à part exister, être soi, pour soi. Pas facile après six ans de cette autre vie. Une vie où on ne s’écoute pas, on ne veut plus s’entendre. Il ne faut pas en parler non plus. Ca fait mal aux autres parfois. Parfois ça ne les intéressent pas. Et puis on relativise. On se dit que ce n’est pas si grave. Qu’on est qu’une petite fille gâtée. Que ça va passer, comme d’habitude. Et on recommence. On fonce dans cette boutique à l’autre bout de la ville pour s’offrir cette marchandise qui nous permettra de tenir jusqu’à la prochaine fois.
La prochaine fois qu’on se dira que c’est mieux là bas. Dans une heure ou dans deux jours.